La journée nationale « La parentalité à l’épreuve de la société du bien-être » a réuni 80 personnes à l’Unaf
80 personnes étaient présentes à la journée nationale « La parentalité à l’épreuve de la société du bien-être » organisée par l’UNAF à Paris, le mardi 4 juin 2019, co-animée par Isabelle SAUNIER, présidente du département Parentalité-enfance à l’UNAF et David Pioli, Coordonnateur du pôle Droit de la famille, parentalité et protection de l’enfance.
Cette journée riche d’échanges et de partage a proposé différentes séquences d’intervention portant sur les politiques publiques de soutien à la parentalité mais aussi sur les programmes normatifs liés à la parentalité ainsi que de multiples réflexions éthiques liées aux conditions du bien-être ou encore à l’éducation à la consommation.
Pierre-Yves MANCHON, chef du bureau des familles et de la parentalité à la DGCS, a tout d’abord présenté les objectifs de la Stratégie Nationale de Soutien à la Parentalité pour ensuite décliner un certain nombre d’axes prioritaires du plan d’action en cours de finalisation. Il a notamment insisté sur la nécessité de rendre davantage lisible (pour les parents, les porteurs de projets, les soutiens) les dispositifs d’accompagnement des parents dans l’éducation de leurs enfants et de faire du soutien à la parentalité un véritable pilier de la politique de l’enfance. Il a présenté notamment le futur « portail online d’information, d’orientation et de coaching », le passeport naissance destiné aux jeunes parents ou encore une plateforme numérique destinées aux familles monoparentales.
Claude MARTIN, sociologue, est revenu, quant à lui, sur les questions du bien-être, de ses déterminants et de sa mesure, mais aussi sur les débats suscités par cette réflexion sur les conditions du bien-être, de la qualité de vie, de la « vie bonne » ou du bonheur. Il a ensuite présenté quelques données disponibles dans les enquêtes internationales sur le bien-être subjectif des enfants et des adolescents. Il a enfin abordé la question des pratiques parentales et de leur rôle dans la promotion du bien-être de leurs enfants, mais aussi des politiques publiques de soutien à la parentalité qui entendent les soutenir dans ce rôle.
La conteuse Catherine CASABIANCA a ensuite introduit l’analyse de François FLAHAULT, philosophe et anthropologue, par la lecture d’un conte « La princesse devineresse ». François FLAHAULT, en s’appuyant sur un certain nombre de contes de tradition orale, a ensuite montré en quoi les motifs de transmission générationnelle et en creux, le rôle et la fonction parentale, apparaissaient de manière systématique dans des contes d’horizons parfois très différents. Il a enfin élargi son propos pour mettre en lumière en quoi la fonction paternelle avait une résonance large et pouvait s’exercer par différentes personnes ou institutions contribuant à la socialisation de l’enfant.
Le sociologue Gérard NEYRAND a, quant à lui, dépeint le malaise ressenti par les intervenants du soutien à la parentalité pris dans des injonctions contradictoires liées à la progressive « managérisation » de l’action publique et à l’évolution des représentations parents-enfants. Gérard NEYRAND a présenté les tensions qui traversent les politiques de soutien à la parentalité tantôt confiées à des professionnels et tantôt laissées aux parents eux-mêmes, et oscillant entre réponse à une possible démission des parents et promotion de l’émancipation du parent citoyen. Il a insisté sur la nécessité d’une réflexion autour d’un processus de socialisation pluridimensionnelle qui permettrait de combattre la dimension managériale du soutien à la parentalité grâce à une prise de conscience des institutions sur l’importance d’une collaboration éducative autour du parent.
Xavier BRIFFAULT, sociologue, spécialiste en épistémologie de la santé mentale, a présenté, lors de cette journée, les dérives de certains programmes « evidence-based » et des logiques de santé publique appliquées au domaine de la parentalité. Il lui apparaît que ces programmes se prévalent d’une scientificité contestable, que leurs effets sont bien moindres que ceux escomptés lorsqu’ils ne sont pas potentiellement délétères pour les usagers. En tout état de cause, ces programmes méritent d’être réinterrogés au-delà du seul cercle des experts du champ de la santé publique. Il a ainsi souligné la logique économique qui peut prévaloir dans le choix d’appliquer ces programmes et prévaloir sur le bien-être des parents et des enfants à qui ils sont adressés.
Inès de La VILLE, professeure de sciences de gestion à l’IAE de Poitiers, attachée à la formation des responsables marketing, insiste sur la responsabilité que ces derniers ont face à la jeunesse et souligne l’importance d’une éducation à la consommation dès le plus jeune âge. L’enfant représente, en effet, un marché futur mais dispose déjà d’un espace discrétionnaire de consommation lié à l’argent de poche, d’une capacité d’influence des achats de la famille et d’une exposition aux marques bien réelle. Inès De La VILLE a notamment présenté la manière dont les dispositifs sociotechniques exploitent les dispositions de l’enfant à travers les objets connectés jouant sur l’anxiété des parents et sur leurs peurs (tétines connectées, bodys connectés…).
Livret du participant :
Les actes de cette journée seront prochainement diffusés ainsi que l’intégralité en vidéo des échanges de la journée.